Jugement partial et partiel à propos de la maxime kantienne

Publié le par Franz

L’intervention américaine en Afghanistan est la conséquence directe de l’attentat du WTC à New York le 11.09.01. Tous les services de renseignements occidentaux, notamment les services secrets français, étaient préparés à une menace terroriste de la part des musulmans intégristes. Les pays protecteurs de ces mouvements sont connus depuis belle lurette : Arabie Saoudite et Iran. Les pétrodollars saoudiens arrosent des pays plus petits et plus pauvres pour mettre sur pied des groupes de moudjahidin qui s’attaquent ensuite à l’occident corrompu : c’est le cas de l’Afghanistan mais aussi de la Somalie.
Ce qui est le plus surprenant, c’est que les USA se soient laissés avoir à une si grande échelle : plusieurs avions détournés, un symbole du libéralisme mondial ravagé et le Pentagone bombardé. Il était évident pour moi ce jour du 11 septembre que la réaction américaine serait prompte. Je me doutais aussi que les pays européens et plus précisément la France, tenteraient de faire valoir après la période de deuil, une solution négociée pour contrebalancer la réaction américaine.   
Peu de temps après, les américains interviennent en Afghanistan et commencent les bombardements, après une mise en garde de pure forme. Ils connaissent les coupables car ils ont entraîné les groupes intégristes afghans contre la superpuissance soviétique dans les années 80, ces mêmes groupes qui aujourd’hui les menacent. Les réactions ne se font pas attendre, d’autant plus que des « civils » sont tués dans les bombardements très lourds qui secouent le pays. Le régime des talibans qui abrite Ben Laden et sa milice s’écroule rapidement. Les fanatiques fuient le pays de manière rocambolesque : à moto en traversant les lignes ennemies. Ben Laden, le principal intéressé, reste encore introuvable à ce jour. On dit la région secouée, mais encore une fois, les attentes apocalyptiques des européens se révèlent infirmées.
La réaction internationale, et surtout européenne, au bombardement américain est révélatrice. Seule la Grande-Bretagne s’est très rapidement alliée aux Etats-Unis avec Tony Blair. Pour les occidentaux, la colère américaine est justifiée mais la réaction disproportionnée et les droits de l’homme violés. Le porte-parole de cet anti-américanisme est justement en Europe LE pays des droits de l’homme : la France.

    Pour un pays comme le nôtre, l’intervention américaine ne se justifie que jusqu’à un certain point limite : la mort de civils et d’innocents. Quelle absurdité ! Une guerre s’accompagne toujours de pertes. Pour les américains qui disposent d’une puissance militaire écrasante, le but est évidemment de subir le moins de perte, tout en occasionnant le plus de dommage à l’ennemi. Les français ne reconnaissent pas ce principe d’efficacité qu’ils ont pourtant pratiqué en conquistadors malhabiles et inconscients en leur temps. Le fiel qui court dans le discours de la classe politique française est celui des princes décadents et usés par deux conflits cataclysmiques. L’Afghanistan en révèle bien plus sur nous que nous n'aimerions le croire. La France ne reconnaît pas la souveraineté américaine, et notamment son pouvoir de transformer toutes les frontières : politiques, juridiques, économiques et culturelles à son gré car elle aspire elle-même à un leadership en la matière. Mais alors que les USA ont une nécessité impérieuse de domination dans le but d’assurer la stabilité mais aussi le dynamisme de leur propre état, la France ne recherche que la fossilisation et la stagnation du monde tel qu’il est, la construction de frontières étanches, la perpétuation d’un modèle d’harmonie tronquée, vécu durant les 30 glorieuses et hérité des Lumières. Notre modèle, celui qui a fait force de loi jusqu’aux procès de Nuremberg ; vantant négociation et droits de l’homme, humanisme et rationalisme, supériorité de la règle de droit sur la force, est MORT. Nos prétentions à la création d’un droit régissant les relations internationales sont caduques (pour preuve l’ONU) alors que la force de l’Amérique en la matière est d’étendre ses frontières au-delà de son espace d’origine sans cette négociation rationnelle, qui n’est que fumisterie. L’Amérique s’impose naturellement à nous, sans aucun droit négocié d’aucune sorte. Nous mangeons sa bouffe, matons ses films et ingurgitons ses valeurs tous les jours dans nos actes de consommation courants. Rien n’a été négocié, c’est la force du modèle américain qui a construit de nouvelles frontières qui dépassent aujourd’hui « naturellement » les frontières originelles et traditionnelles de l’état.

    Il n’y a donc pas, à mon avis, d’impératif catégorique dans le domaine de la politique et notamment sur le plan international. L’hyperpuissance américaine ne peut tenir compte de l’avis passéiste de ses alliés tels que la France. Cette dernière préconise l’instauration de règles de droit équitables ; je me pose la question : pour qui cette instauration serait-elle équitable ? La France s’est-elle embarrassée de justice et d’équité quand elle disposait encore d’un pouvoir enviable ? Pourquoi les USA devraient-ils suivre des règles d’un pays plus faible qui lui ne les a jamais appliquées ?
L’impératif catégorique est un vœu pieux, une « morale expliquée à ma fille » qui permet de poser des limites claires là où justement toute trace de moralité s’estompe. Si les américains suivaient pratiquement cet impératif au niveau international, ils seraient attachés en laisse à des règles qu’ils n’auraient pas eux-mêmes produites. Leur position actuelle, qui tient compte de leurs propres intérêts a le mérite de créer dynamiquement une nouvelle donne géopolitique.
    Reste maintenant à analyser le rôle que la France aurait à jouer dans ce « new deal ». Pour ma part, je considère que notre pays peut jouer le rôle que la Grèce antique avait en son temps avec la République romaine.

Automne 2001
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article